Bibou, prince de Poupougne

par Anouk Ricard

Anouk Ricard a ingéré des pages et des pages de bande dessinée et c’est de cette orgie qu’elle a fait son style à nul autre pareil ! On entend dire que son dessin est naïf et son humour absurde ! Bien sûr, on la sent bien traversée par des courants d’influences comme Goossens ou Pierre La Police, maîtres s’il en est de l’absurde, mais laissons donc les analyses aux analystes.

Pour nous, Anouk Ricard c’est plutôt comme faire de la trottinette sur l’autoroute ou encore sauter à l’élastique avec une grenadine-vodka à la main ! C’est tellement cool et drôle! On ne sait jamais vraiment si elle parle à l’enfant qui roupille en nous ou si elle s’adresse aux enfants comme s’ils étaient intelligents !

Avec son dessin, savant mélange de bestioles mal peignées, fagotées dans des frusques funky et à la langue bien pendue ; ses dialogues et son humour ciselés à la brosse à dent ; elle déboule dans les années 2000, sans mettre les patins, sur le parquet ciré de la BD, après avoir fréquenté le milieu enfumé de l’illustration jeunesse. Elle fait ses débuts d’auteure BD dans Capsule cosmique avec Anna et Froga – 5 tomes chez Sarbacane- et depuis, elle n’arrête pas de nous chercher avec ses bédés poilantes et stimulantes… Commissaire Toumi chez Sarbacane, Coucous Bouzon chez Gallimard ; Planplan culcul aux Requins Marteaux ! On sait comment ça commence donc, mais heureusement, c’est bien loin d’être fini !

Pour Formula Bula, l’auteure met sa blouse de chercheuse bibliophile et reprend des textes issus de livres anciens pour l’enfance et la jeunesse piochés pour beaucoup, ici, dans le Fonds de l’Heure Joyeuse. Elle célèbre ainsi le livre-objet d’autrefois grâce à l’usage de tissus imprimés. Les textes sont dissociés de leur illustration originelle et remis en situation dans les nouvelles peintures de l’auteure. À chaque fois, Anouk Ricard fait mouche en provoquant un moment de pure absurdité tout à fait réjouissant !

Enfin,  l’exposition présente de vrais-faux jouets à roulettes mettant en scène tout un cheptel d’improbables glandeurs à moustaches, en salopette ou tout nus…Et nous, on rigole, on rigole, on rigole, avec, bien sûr, un morceau de salade coincé entre les dents…